CC 25.06 Le Mesnil-Thebault
 

LE MESNIL THEBAULT

(ISIGNY LE BUAT)

  CC 25.06 AVRANCHES MONT-SAINT-MICHEL
   
  HISTOIRE
         
   
     

Le Mesnil-Thebault

 
 

LE MESNIL THEBAULT Isigny le Buat

Publié par Georges DODEMAN

g.dodeman@wanadoo.fr

 

Nobles hommes du Mesnil-Thébault, tout à la fois seigneurs et vassaux d'eux-mêmes » ! Cette apostrophe, datant de 1636, illustre parfaitement l'originalité de ce petit coin de terre que l'on imaginerait au premier abord « coincé » entre deux grosses entités féodales (la puissante baronnie des Biards et Isigny qui relevait directement des comtes de Mortain) et qui sut finalement jouer de l’ambiguïté de cette situation.

 

« Pour vivre heureux, vivons cachés » disait le fabuliste Florian au XVIIIème siècle. Mesnil-Thébault, un peu à l'écart, longtemps dirigé par une petite seigneurie lointaine, sut se faire oublier des guerres, des famines et de toutes les grandes catastrophes de ces temps anciens. A l'origine, avant l'An Mil, il n'y avait là qu'une grande forêt appartenant aux Parain sous les frondaisons de laquelle, en pleine période érémitique, s'installa lieudit « le Plant », une communauté de femmes. Leur chapelle St-Pierre fut le premier siège de la paroisse, même si plusieurs trouvailles archéologiques du XIXème laissent entendre une occupation plus ancienne du site. Les trouvailles archéologiques assez nombreuses montrent que l'emplacement était sans doute d'ancienne habitation. En 1818, Julien Roussel mit à jour à Launay un atelier de fondeur. En 1855, Charles Cordon découvrit au Châtel des pots de terre significatifs de l'époque préhistorique, tout comme en 1877 Charles Guérin à la Haute-Bercoisière, une hache de pierre. A la même période, des travaux au Plant, découvrant une cavité profonde près d'une cheminée, semblèrent accréditer la légende qu'il existait entre la chapelle devenue église et ce lieudit, un souterrain où aurait été enterré un trésor si peu profond que « chaque jour, un merle pourrait le découvrir de son bec ».

 

Autre particularité : les habitants y furent longtemps francs de coutumes et même exempts de guet au château de Mortain car ils avaient à garder nuit et jour les pêcheries du voisinage de novembre à juin. L'apparition en 1195 dans les comptes de l'Échiquier de Normandie d'un Pierre Thébault, bienfaiteur de la première église, est à rapprocher de la période faste de la fin de la Normandie ducale qui bénéficia à toute la région : la charte de fondation de Saint-Hilaire est de 1082, tout comme la fondation des prieurés des Biards et Vezins tout à côté. L'autre chance des habitants fut de voir la paroisse s'en aller dès 1343, pour les dîmes (et donc les impôts !) à la lointaine abbaye de Moutons dans la forêt de Lande-Pourrie située dans le sud du département de la Manche et, pour le séculier, à des seigneurs guère voraces, le principal fief, le Genestais relevant même directement des comtes de Mortain. Y habitaient en plus, les de Hauteville (1570-1750) qui étaient loin d'être en odeur de sainteté dans la région puisque protestants, qui finirent par abjurer vers 1685 et s'allier enfin en 1750 aux de Bordes sieurs de Chalandrey.

 

Comme il n'y avait là, ni gros château, ni riche abbaye pour s'attirer de mauvaises rencontres, ce petit coin de Mortainais sut comme on l’a dit plus haut, se faire oublier, abritant néanmoins de nombreux petits hobereaux centrés sur leurs petits coins de terre : les Le Maignen (de 1570 à 1884 à la Mignonnerie où les restes du vieux logis furent abattus en 1825), les Le Gager de 1570 à 1780 à la Grande-Bercoisière (voir notre encadré ci-après), les de la Barberie à Avalis jusqu'en 1759, les Le Rogeron au XVIIIème à la Gaulardière, les du Buat aux Fourcées jusqu'en 1854.

 

C'est ce qui explique sans doute la relative prospérité de la paroisse où, sous Louis XV, on relevait une vingtaine de naissances par an. Le 13 juin 1748, l'évêque Durand de Missy, accueilli lors de sa visite pastorale par le curé Foursin, premier grand rénovateur de l'église avant l'abbé Moisseron un siècle plus tard, recensait 300 communiants, une centaine de feux et ménages soit près de 600 habitants et déjà deux écoles : une de filles tenue par Madeleine Coquelin et une de garçons administrée par Jean Le Saulnier et le vicaire.

 

Jean Hantraye (né vers 1620), supérieur du séminaire d'Avranches (1), précepteur de la riche famille de Rohan, avait été un des pionniers de l'application locale de la réforme tridentine, et il semble donc normal que sa paroisse natale fut ainsi bien administrée.

 

(1): Jean Hantraye, né vers 1620 au Mesnil-Thébault, précepteur des enfants de la puissante famille de Rohan, refusa le canonicat facile qui s'offrait à lui grâce à l'appui de ces puissants seigneurs pour se consacrer au ministère pastoral, priorité des prescriptions du concile de Trente qui visait à contrer l'idéologie protestante. Présenté à la cure par le marquis d'Isigny, il devint le doyen de Saint-Hilaire et fut un des trois fondateurs, en 1666, du séminaire d'Avranches (situé en fait à St-Martin-des-Champs). Les deux autres fondateurs étaient Robert Gombert de N.D. De Livoye mais aussi René Leprieur, curé de la Gohannière, ancien curé de Montgothier. Jean Hantraye fut secondé à Isigny par Nicolas Montier (né en 1630) qui, après avoir exercé à l'Hôtel Dieu Paris, revint dans sa paroisse natale pour succéder ensuite à Jean Hantraye à Saint-Hilaire en 1675 quand ce dernier devint supérieur du séminaire, puis en 1683 principal du collège d'Avranches. A son décès en 1693, le séminaire fut pris en charge par les Eudistes, ordre spécialisé dans la formation des prêtres.

 
         
   

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