SAINT DENIS LE VETU 

 CC 49.9 du canton de Cerisy La Salle

 
 NOTICE HISTORIQUE SUR SAINT DENIS LE VETU 34/40
     

 

 

Une paroisse Normande

Par l' Abbé E. Quinette

Paru en 1889

 


- 5° L'époque contemporaine 1/7

depuis 1803 jusqu'à nos jours.

(1889 lpm)

 Saint-Denis-le-Vêtu depuis 1803 à 1889

 

A la fin de 1803, M. Bellais cessa d'être curé de la paroisse de St-Denis-le-Vêtu et fut appelé, après sa rétractation, à la cure de la Vandelée ; il y resta jusqu'en 1815 et revint alors à Ouville, où il mourut peu de temps après.

 

Son vicaire, M. Jean-Baptiste Fauchon, après s'être rétracté de son serment, fut nommé vicaire de Chanteloup ; il quitta ce poste en 1808 et se retira à Trelly en qualité de prêtre habitué.

 

 I - Premières réformes sous l'administration

 de M. Louis Legravereng Curé (1803 à 1837) -1/2

 

M. Bellais eut pour successeur M. l'abbé Louis Legravereng. Il était né à Guéhébert et avait mieux aimé subir l'exil au moment de la Révolution que de prêter serment à la Constitution civile du clergé ; en 1796, il était à Londres, d'où il adressait, avec plusieurs de ses compagnons d'exil, une supplique à Sa Sainteté Pie VI pour en obtenir des Indulgences spéciales.

 

Rentré en France, il fut nommé à la cure de St-Denis-le-Vêtu, le 27 novembre 1803.

 

Le 15 juillet de l'année suivante, Mgr Claude-Louis Rousseau, évêque de Coutances, annonçait un grand jubilé accordé par Pie VII, à l'occasion du Concordat. C'était, en effet, une joie pour le clergé et les fidèles de pouvoir reprendre les anciennes traditions religieuses interrompues par la tourmente révolutionnaire.

 

Toutefois, le nouveau curé de St-Denis-le-Vêtu eut la douleur de se voir en butte aux antipathies, aux tracasseries et aux menaces des révolutionnaires de la paroisse : il sut d'ailleurs les endurer avec une parfaite égalité d'âme. Malgré les efforts de ses ennemis, il fit refleurir la religion, pourvut l'église du mobilier le plus indispensable et remit tout en ordre.

 

M. René Delarue-Leslongchamps fut le premier trésorier provisoire à partir de 1803.

 

En 1805, Mr Bonté, vicaire-général de Coutances, nommait marguilliers-fabriciens Jean-Thomas Delarue- Brucourt et Charles Leroyer-Lesnoyers ; celui-ci fut choisi comme caissier, le 2 janvier 1806. On remarque aisément que le conseil de fabrique n'était pas encore à cette époque constitué tel qu'il est actuellement dans chaque paroisse. Il ne le fut complètement que par la loi de 1809. En cette année, on nomma des conseillers de fabrique parmi lesquels on remarquait M. Maximin Le Conte de Montmartin. Ce dernier était venu, au commencement du siècle, habiter le manoir de Bosville, dont il avait hérité par un legs de M. Le Conte d'Ymouville, son parent. Jean-François Delarue fut, en 1809, nommé secrétaire et trésorier de la fabrique : celle-ci fit alors réparer la couverture de la nef, de la tour et du choeur, et rejointiller la costière de la tour du côté du midi, depuis le dessous du cadran jusqu'au larmier, et celle du couchant dans toute sa surface. Elle fit aussi démolir une croisée du choeur qui était du côté du midi, vis-à-vis du grand-autel, et la fit reconstruire de la même grandeur et de la même forme que celles de la nef du même côté.

 

 

Saint denis le Vêtu 19 septembre 1926

coeur de l'église, CPA collection LPM 1900

 

Saint denis le Vêtu 19 septembre 1926

Statue de Sainte Marie Madelaine Postel,

CPA collection LPM 1900

   

 SAINT DENIS LE VETU 

 CC 49.9 du canton de Cerisy La Salle

 
 NOTICE HISTORIQUE SUR SAINT DENIS LE VETU 35/40
     

 

 

Une paroisse Normande

Par l' Abbé E. Quinette

Paru en 1889

 


- 5° L'époque contemporaine 2/7

depuis 1803 jusqu'à nos jours.

(1889 lpm)

 I - Premières réformes sous l'administration

 de M. Louis Legravereng Curé (1803 à 1837) -2/2

 

En 1812, la fabrique fit encore réparer un bâtiment qui était dans l'enclos du presbytère et qui servait de pressoir ; elle l'appropria à usage d'école, pour loger convenablement un instituteur et procurer un appartement capable de contenir les enfants. Le premier titulaire fut M. Jean Pennier, qui fut près de cinquante ans instituteur à St-Denis. Il fit, le 28 août 1856, une fondation à la fabrique de cette paroisse : elle consistait en une somme de quarante francs de rente 3% à charge de faire célébrer chaque année, à l'intention du donateur et de Marie-Anne Lemazurier, son épouse, et de leur famille, six messes chantées et onze messes basses « qui seront célébrées de la manière suivante : dix pendant les cinq premiers mois de l'année et une dans chacun des autres mois. »

 

Vers 1812, M. Léonor Amy, également instituteur et maître de pension au village de la Cellerie, remplaçait comme trésorier de la fabrique M. Jean-François Delarue. M. Léonor Amy était un maître de pension remarquable : il attira à lui beaucoup de jeunes gens qu'il instruisit et éleva chrétiennement.

 

Une maison d'école de filles fut fondée en 1814, au bourg de St-Denis, en face de l'église, du côté de l'Orient.

 

La première titulaire de cette école fut Mlle Rihouey, de Moyon : c'était une femme d'une grande piété et d'un dévouement extraordinaire ; elle fit, pendant quarante-cinq ans, un grand bien à la paroisse de St-Denis. Avant Mlle Rihouey, ce fut Mlle Laurence, nièce de M. Legravereng, qui fut institutrice à St-Denis ; elle le fut ensuite à Trelly.

 

M. l'abbé Legravereng avait soin de former ainsi une nouvelle génération pour remplacer la géné-ration révolutionnaire. Aussi Mgr Dupont-Poursat estimait-il ce digne curé et lui confiait-il, quelque- fois des missions importantes et difficiles : le 6 avril 1818, il fut chargé par lui de procéder de sa part et en son nom, à la vérification exacte de l'état de la fabrique d'Ouville, ce qui était une tâche ingrate à remplir. Dans le procès-verbal que M. Legravereng a rédigé de cette affaire, on voit que, sauf M. de la Bellaisière, président de la fabrique, le maire et les marguilliers d'Ouville méprisèrent ses invitations et refusèrent de se trouver au bureau et d'y rendre les comptes et les papiers nécessaires à leur vérification.

 

Sous la cure de ce vénérable ecclésiastique, plusieurs travaux furent faits au cimetière et au pres-bytère ; la croix actuelle du cimetière fut érigée en 1813, par un sieur Guillet.

 

Les anciennes fondations furent reconnues grâce au zèle de M. Legravereng et de M. Léonor Amy, trésorier ; celui-ci fit amortir plusieurs rentes dues à la fabrique par des particuliers.

 

A la fin de la cure de M. Legravereng, il y eut quelques fondations nouvelles de faites soit à la fa-brique, soit à la cure. La plus importante est celle de M. l'abbé Fauchon, faite le 18 septembre 1835. M. l'abbé Jean-Joseph Fauchon, originaire de Saint-Denis-le-Vêtu et domicilié à Saint-Lo, léguait à la cure de Saint-Denis la jouissance d'une pièce de terre de quatre-vingts ares, à charge de célébrer ou de faire célébrer, chaque année, douze messes hautes suivies d'un Libera, dans chacun des mois de l'année. M. l'abbé Fauchon donna aussi une rente de 2,200 francs pour les personnes pauvres, âgées et infirmes, et pour l'instruction des enfants indigents de la paroisse. M. Fauchon a ainsi dépensé en oeuvres de bienfaisance une partie de la fortune immense qu'il avait acquise à l'île Bourbon ou de la Réunion. Il mourut à Saint-Lo en 1840.

 

Au commencement du siècle, il y eut d'abord à Saint-Denis-le-Vêtu quelques prêtres habitués qui secondèrent M. l'abbé Legravereng dans sa lourde tache : ce fut M. Moncel qui commença à dire la messe le dimanche ; il recevait pour cela une rétribution du conseil municipal. Dès 1806, il fut nommé curé du Mesnil-Aubert. Après lui, M. Hardy, qui habitait au Pont-de-Saint-Denis, rendit le même service à la paroisse, pendant un temps assez court.

 

Ensuite, M. l'abbé Founaud vint dire la messe le dimanche, dans l'église de Saint-Denis-le-Vêtu [86] ; puis il remplit les fonctions de vicaire à Roncey, et mourut en odeur de sainteté en 1823.

 

En cette même année, M. l'abbé Vallet, né à Trelly, fut nommé vicaire à Saint-Denis-le-Vêtu, où il demeura pendant treize ans. Il fut ensuite nommé curé à Brectouville, puis à Belval et enfin à Mes-nil-Aubert, où il est mort après avoir vécu en bon prêtre.

 

Nous avons dit que M. Louis Legravereng, curé, s'occupa après la Révolution de restaurer le temporel de son église ; mais il voulut surtout réédifier l'édifice spirituel si ébranlé par la tourmente révolutionnaire. Il fit prêcher à sa paroisse quelques missions. On remarque principalement celle du mois d'octobre 1828, donnée par M. Louis Leclerc, missionnaire du diocèse ; celui-ci érigea, dans la paroisse de Saint-Denis, la pieuse confrérie du Chemin de la Croix, avec les indulgences qui y sont attachées.

 

M. l'abbé Legravereng mourut au mois d'avril 1837, rempli d'années et de mérites.

 

NOTES 
  [86] Ainsi la paroisse de Saint-Denis, qui avait avant la Révolution jusqu'à cinq et six prêtres, en était réduite à un curé et à un prêtre habitué. Voilà le produit de cette ennemie de la religion ; car ce n'était pas particulier à cette paroiss e.

 

Saint Denis le Vêtu vers 1910, CPA collection LPM 1900